Pour en finir avec l’homophobie, il faut changer les mentalités et les lois, et sensibiliser l’opinion. Le 17 mai, journée mondiale contre l’homophobie, est l’occasion d’une prise de conscience pour tous.

L’homophobie c’est quoi ?
En grec, homo = identique et phobos = peur. L’homophobie est ainsi un rejet violent de l’homosexualité, provoqué par la peur de la différence.
Le 17 mai est la Journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, souvent désignée en abrégé comme la Journée mondiale contre l’homophobie (ou IDAHOT : International Day Against HOmophobia and Transphobia). Cette journée « a pour but de promouvoir des actions de sensibilisation et de prévention pour lutter contre l’homophobie, la lesbophobie, la biphobie et la transphobie » et de lutter contre toutes les violences morales, symboliques ou physiques subies par des hommes ou des femmes du fait de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre.
Homophobe, moi ? Jamais !
Pas si sûr…
Bien sûr, les temps ont changé (en Europe tout du moins), les mentalités ont évolué et l’homosexualité a été supprimée de la classification internationale des maladies de l’Organisation mondiale de la Santé il y a 30 ans (seulement !). On croise désormais dans la rue, au ciné ou au boulot des personnes qui assument leur homosexualité et ne s’en cachent plus. Le fameux « Coming Out » a même été presque un effet de mode, notamment parmi les personnalités célèbres et si les générations précédentes ont vécues cachées, il est désormais de bon ton de s’afficher.
Des inégalités homophobes au quotidien
Ce qu’on n’imagine pas, c’est que l’homophobie et les violences contre les personnes LGBTQ+ (Lesbien, gay, bi, trans, queer, intersexe) sont toujours bien présentes, que ce soit au sein des familles, à l’école, dans les lieux publics et les transports, au sport ou au travail… bref, partout ! On comptabilise les inégalités flagrantes, les discriminations mesquines, mais la méchanceté, la bêtise et le harcèlement quotidien auquel sont soumises de très nombreuses personnes sont souvent sous-estimés, voire totalement méconnus.
Des insultes homophobes à ne plus utiliser !
Nous-mêmes sommes souvent homophobes, sans nous en rendre compte… Oui, vous, moi… Bien sûr, je me considère comme une personne à l’esprit ouvert, j’ai plein de potes homos que j’adore et que je vois régulièrement. Mais je l’avoue, je n’aimerais pas que cela « arrive » à un de mes enfants… Et même, je peux parfois jurer entre mes dents « sale p*dé ! » ou « enc*lé ! » (une des insultes les plus utilisées par les automobilistes !) si un crétin me fait une queue de poisson alors que je circule tranquillement sur mon vélo… Bien sûr que je n’ai aucune intention homophobe dans mon cri de rage (ou de peur), mais proférer de telles insultes est néfaste (en plus d’être stupide) puisque cela signifie que ce mot de p*dé est insultant et donc dévalorisant…
Et des clichés à faire sauter…
J’ai aussi encore des clichés dans la tête : une allure un peu efféminée, un physique fin pour un homme, ou très carré pour une femme, une démarche chaloupée ou une manière différente de s’habiller ? Immanquablement, mon subconscient se demande si par hasard « il ne serait pas un peu p*dé, lui (ou elle) ? ». C’est mal, et idiot, je le sais. Mais bien que j’estime avoir l’esprit ouvert, c’est encore ancré en moi…
Il y a donc du boulot pour nous départir de nos vieux clichés et habitudes. Sébastien Chauvin, sociologue, s’exprime sur les insultes : « Autant une insulte comme “c*n/c*nne” est une insulte morte au sens où elle ne fait plus référence au vagin. Autant “p*dé” et “enc*lé” restent des insultes dont la référence à la fois genrée et sexualisée aux homosexuels n’est pas du tout perdue. Les deux mots servent à la fois à s’insulter, et à désigner les homosexuels et leur sexualité supposée. Tant que ces mots auront encore un sens “propre” en désignant d’abord l’homosexualité et la sodomie, s’insulter avec restera homophobe, même quand il n’y a pas d’homosexuels. »
La loi se mobilise contre l’homophobie

Combat contre l’homophobie en Belgique et en France
L’appareil législatif a également carrément progressé sur le sujet avec notamment la reconnaissance des couples de même sexe avec le mariage pour tous, et une législation plus ferme sur les insultes et agressions.
La Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne contient ainsi une disposition de non-discrimination générale (article 21.1), qui mentionne l’orientation sexuelle au nombre des motifs interdits de discrimination.
Cependant les chiffres font peur, d’autant plus qu’il faut être conscient que de nombreuses victimes n’osent pas porter plainte et ne sont donc pas comptabilisées.
Dans le Code pénal belge, l’homophobie est considérée comme circonstance aggravante en cas d’homicide ou de coups et blessures volontaires avec à la clé une peine allant jusqu’à la réclusion à perpétuité. Le pays a beau être très ouvert sur le sujet LGBT, il compte malgré tout près de 1500 dossiers gérés par la police ces 10 dernières années, que ce soit pour des agressions verbales ou physiques.

Recherche de 2014 du Point d’appui Politique de l’égalité des chances du Gouvernement flamand
En France, la peine encourue pour diffamation publique avec caractère homophobe ou transphobe est de 1 an d’emprisonnement et 45 000 € d’amende. En 2019, la police et la gendarmerie a recensé 1 870 victimes d’infractions à caractère homophobe ou transphobe contre 1 380 en 2018 et 1 040 en 2017. Bref, rien n’est encore gagné…
L’homophobie ailleurs dans le monde
Il reste près de 70 pays dans le monde où les actes homosexuels sont condamnés par la loi avec des condamnations qui peuvent dépasser dix ans d’emprisonnement et pour certains pays, l’application de la peine de mort (Arabie Saoudite, Afghanistan, Iran…).
De nombreux pays africains parlent encore de fléau et un peu partout dans le monde, les homosexuels hommes ou femmes sont persécutés chaque jour.
Les solutions pour lutter contre l’homophobie
Légiférer c’est bien, mais les mentalités ne changeront pas toutes seules et il faut donc aussi éduquer les jeunes générations. Parler, expliquer, rassurer… Les discriminations, actes violents et propos haineux viennent souvent de la peur et de l’ignorance. La différence gêne, il est facile de s’y attaquer. Des initiatives ont été mises en place pour la lutte contre l’homophobie et la transphobie à l’école. Une bonne manière de sensibiliser les plus jeunes.
Olivia Ledoux, créatrice de mode, a décidé de jouer sur les mots et a créé une ligne de vêtements pour garçons et filles, détournant les insultes LGBTphobe et les transformant en logos : Super Nana Pride. En les affichant sur des tee-shirts ou des casquettes, elle provoque, certes, mais elle casse aussi l’insulte et la dédramatise. On aime !
Ainsi, même si on note de très nets progrès chez nous et un peu partout dans le monde, le problème de l’homophobie est loin d’être réglé. À chacun de nous de faire en sorte de nous améliorer pour faire réduire (et osons rêver !) bientôt disparaître l’homophobie.
Des sites intéressants sur la Belgique et la France pour en savoir plus :
- Plan d’action Interfédéral contre la discrimination et la violence à l’égard des personnes LGBTI
- Et toi, t’es casé.e ?
- Mesure d’attitudes en matière de sexisme, d’homophobie et de transphobie
- Libres et égaux
- Unia • Critères de discrimination / Orientation sexuelle
- DISCRIMINATION DES LESBIGAYS – de quoi s’agit-il et comment y réagir ? Informations et conseils pratiques.
- SOS-homophobie
- Comité IDAHO France
- SOS homophobie
- Le Refuge
- C’est comme ça
- Mon fils gai
- Les injures à caractère homophobe
- Rapport sur les LGBTIphobies 2020
Et deux lectures joyeuses !

